Ecoutez la douce respiration de la nuit



Sur le pays des chimères

Sur le pays des chimères
Notre vol s’est arrêté :
Conduis-nous en sûreté
Pour traverser ces bruyères,
Ces rocs, ce champ dévasté.

Vois ces arbres qui se pressent
Se froisser rapidement ;
Vois ces roches qui s’abaissent
Trembler dans leur fondement.
Partout le vent souffle et crie !

Dans ces rocs, avec furie,
Se mêlent fleuve et ruisseau ;
J’entends là le bruit de l’eau,
Si cher à la rêverie !
Les soupirs, les vœux flottants,
Ce qu’on plaint, ce qu’on adore…
Et l’écho résonne encore
Comme la voix des vieux temps,

Ou hou ! chou hou ! retentissent ;
Hérons et hiboux gémissent,
Mêlant leur triste chanson ;
On voit de chaque buisson
Surgir d’étranges racines ;
Maigres bras, longues échines ;
Ventres roulants et rampants ;
Parmi les rocs, les ruines,
Fourmillent vers et serpents.

À des nœuds qui s’entrelacent
Chaque pas vient s’accrocher !
Là des souris vont et passent
Dans la mousse du rocher.
Là des mouches fugitives
Nous précèdent par milliers,
Et d’étincelles plus vives
Illuminent les sentiers.

Mais faut-il à cette place
Avancer ou demeurer ?
Autour de nous tout menace,
Tout s’émeut, luit et grimace,
Pour frapper, pour égarer ;
Arbres et rocs sont perfides ;
Ces feux, tremblants et rapides,
Brillent sans nous éclairer !…

Gérard de NERVAL (1808-1855)

Bonne nuit à toues et à tous !
Faites de doux rêves !
Bisous tendresse

4 responses to this post.

  1. Heureusement que dans ce monde de chimère … il y a encore de belles choses
    qui au regard on ne peut que retenir la respiration .. pour s’émerveillée

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  2. bonjour annie je suis eveillée , avec un beau poeme bises

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  3. Que voilà un poète visionnaire… tout est dit dans les moindres détails. Bisous et merci pour ce partage.

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  4. J’aime la nuit, j’en passe de grands bouts les yeux ouverts.

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